- GOSSAERT (J.)
- GOSSAERT (J.)GOSSAERT JAN ou GOSSART JEAN, dit MABUSE (entre 1478 et 1488-1532)Peintre, dessinateur et graveur flamand, Jan Gossaert, dit Mabuse, est né à Maubeuge et mort à Breda. Il a probablement quitté fort jeune sa ville natale pour se rendre à Bruges, puis à Anvers où il s’inscrit à la gilde; c’est là qu’il rencontre des maniéristes dont le goût pour l’ornement devait le marquer profondément. Ensuite Gossaert, bon artiste de cour, fréquente les deux principaux pôles de la culture maniériste des Pays-Bas: la cour de Philippe de Bourgogne à Utrecht et celle de Marguerite d’Autriche à Malines. L’influence de Philippe de Bourgogne est déterminante dans la formation de l’artiste, car c’est avec lui qu’il part pour Rome en 1508, voyage qui lui apporte la révélation fascinante du monde antique. Avant 1508, les œuvres connues de Gossaert, telles que le Mariage mystique de sainte Catherine (dessin, Copenhague) ou la Vision de l’empereur Auguste (dessin, Berlin), sont absolument caractéristiques du maniérisme gothique anversois. À Rome, cependant, Gossaert n’abdique pas toute originalité; tout en les copiant, il transpose les formes antiques dans un registre qui lui est propre: L’Hercule du Capitole (dessin, Bruxelles) présenté en raccourci et à contre-jour acquiert une puissance nouvelle par le jeu tumultueux de ses muscles pétris de lumière. Quittant l’Italie, Gossaert suit Philippe de Bourgogne à Suytburg où sont réunis artistes et gens de lettres: Jacopo de Barbari, Érasme... Les œuvres de cette époque le montrent écartelé entre le maniérisme nordique et le classicisme antique, mais ses tendances principales se révèlent déjà dans la clarté de la mise en page, dans le goût pour l’architecture Renaissance. S’il garde encore une vive prédilection pour les entrelacs ornementaux, c’est sans aucune mesure avec les détails surchargés des œuvres précédentes. Il peint à cette époque le Triptyque Malvagna (Musée national, Palerme), L’Adoration des Mages pour l’abbaye de Grammont en Flandre (National Gallery, Londres), Le Christ au jardin des Oliviers (Staatliche Museum, Berlin). On trouve aussi dans ses tableaux le souvenir digne et mesuré de Gérard David et de Hugo van der Goes, nuancé par l’apport capital du graphisme de Dürer, par exemple dans l’Adam et Ève du Triptyque Malvagna . Quant au Saint Luc peignant la Vierge (Kunsthistorisches Museum, Vienne), c’est un hommage grandiose à la Renaissance italienne, dans un fascinant monde de pilastres et d’arcatures impeccables et dans une langue ciselée et parfaite de pureté (comme la Danaé , Alte Pinakothek, Munich). Comme tout bon adepte de la culture humaniste de l’époque, Gossaert représente parfois des nus de très grande taille, ainsi, dans le Neptune et Amphitrite (Staatliche Museum, Berlin) qui a décoré le château de Suytburg en Zélande; mais, en fait, il profite du corps humain, des musculatures, pour leur donner des inflexions décoratives maniéristes, bien caractéristiques de son art ambigu, aux frontières du dernier gothique et du nouvel académisme italianisant. Gossaert a été aussi un remarquable portraitiste, le Diptyque Carondelet (1517, Louvre), un des quelques tableaux datés, montre avec quelle précision il s’attache à chaque détail du visage, allant jusqu’à peindre les cheveux un par un avec la plus grande finesse. Entré au service d’Adolphe de Bourgogne à la mort de Philippe, il a peint un portrait; il s’agit peut-être de Jacqueline de Bourgogne , fille d’Adolphe (National Gallery, Londres), qui allie à une merveilleuse étude de visage un grand raffinement dans la description du vêtement. À la fin de sa vie, Gossaert entre au service de Mencia da Mendosa, à Breda.
Encyclopédie Universelle. 2012.